Ce n’est pas vrai…
J’ai été élevée dans une famille où l’église ne jouait presque aucun rôle. C’était plutôt un milieu spirituel avec une grosse influence paranormale, comme on dirait à présent.
À sept ans, j’ai eu comme une pulsion d’en savoir plus…, et je suis partie à la recherche du Monde de la Sagesse. J’ai pressenti qu’il y avait plus entre ciel et terre… Mais je ne savais pas quoi ni où le trouver.
À un moment donné, je l’ai cherché dans l’église et j’ai assisté au culte, mais j’ai éprouvé très clairement que là, je ne trouverais pas ce que je cherchais. J’ai demandé à mes parents si je pouvais assister une fois à l’école du dimanche, je pensais que c’était amusant de voir ça et j’avais l’espoir d’y trouver la solution. Mes copines me disaient que c’était très sympa et surtout convivial, et que quelqu’un ferait la lecture de la bible.
Et voilà le moment venu. Un dimanche matin, je suis partie toute seule à vélo en direction du village et je me revois encore clairement, à vélo, vêtue d’une robe du dimanche assortie de chaussettes blanches tricotées par ma mère et dont l’élastique était trop serré…, soit dit en passant.
Dès mon arrivée au village, j’ai repéré mes copines et ensemble, on est entrées. Nous nous trouvions dans la salle communale du village où je vivais. Un monsieur d’un certain âge a fait la lecture d’une histoire de la bible.
Après, il a donné à tous une feuille de papier et des crayons de couleur pour faire un dessin sur ce que nous avions entendu.
Je me rappelle que l’homme qui avait lu dans la bible est passé et m’a demandé comment j’avais trouvé l’histoire.
Après toutes ces années, je ne me souviens évidemment plus de ce que j’ai répondu littéralement à ce moment-là, mais, au fond, je lui ai dit que ce n’était pas vrai ce qu’il avait raconté, et que cela ne s’était pas passé comme ça.
Tu comprendras sans doute qu’il m’ait adressé un regard étonné et indigné, et je peux t’assurer qu’il n’était pas le seul.
Ce qu’il m’a répondu exactement, je ne le sais plus. Mais ce que je sais, c’est que ses paroles m’ont fait l’effet d’une gifle.
Pour moi, ce qu’il a dit était très négatif et a eu une grande influence sur ma vie ultérieure et sur mon comportement.
Toute la spontanéité pour dire ce que je ressentais ou voyais avait disparu instantanément, toute ma naïveté enfantine avait fondu comme neige au soleil.
Jamais je ne suis retournée dans cette école du dimanche après cette expérience. Il va de soi que je ne me sentais plus du tout la bienvenue et complètement rejetée pour qui j’étais.
À ce moment-là, j’ai décidé de ne plus parler aux autres de certaines choses qui pour moi et ma famille étaient tout à fait normales. J’ai réalisé qu’il valait mieux ne pas trop parler de ces choses-là, puisque la plupart des gens ne comprendraient pas et donc me trouveraient bizarre.
De peur que les gens me rejettent, j’ai changé mon comportement pour être conforme; depuis ce moment-là, et pendant des années je n’ai plus montré qui j’étais vraiment. À l’heure actuelle, je suis toujours en train de me défaire de ce qui reste de la peur de ne pas être acceptée et d’être repoussée par le monde extérieur.
Entre-temps, j’ai pris conscience que c’était pour moi une leçon à apprendre et que j’avais à percer à jour la religion. Et aussi que je devais être moi-même et montrer qui je suis au fond, en dépit de la réprobation et du jugement portés par les autres. J’ai appris et compris que le fait d’être fidèle à l’autre entraînait la non-fidélité à moi-même.
Maintenant je suis arrivée au point de me montrer telle que je suis et si les gens me trouvent spéciale, c’est comme ça, je ne peux plus longtemps porter un masque: je suis qui je suis! Et si ça ne plaît pas aux autres, c’est tant pis.
À présent, plus de cinquante ans après, je me rends compte que ce que j’ai dit à l’époque est exactement la raison pour laquelle je suis venue sur terre. Et que ce dimanche matin a fait que je me suis écartée pour rentrer dans une case dans laquelle les gens voulaient que je rentre. Mais tout ça, c’est du passé; finalement, j’ai compris que je dois être moi-même et je peux te dire que j’y ai mis du temps.
La vie est une école, j’ai compris ça au cours des années.
Grâce aux leçons des enseignants du Monde de la Sagesse qui, plus tard, sont entrés dans ma vie, petit à petit j’ai commencé à comprendre pourquoi les choses sont arrivées comme elles sont arrivées, et maintenant, je revois avec satisfaction et sans aucune rancune ce fameux dimanche matin et tout ce qui m’est arrivé après, dans cette vie…
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