L’échelle
Il y a un arbre qui apparaît dans mon champ de vision. Cet arbre est grand et large, avec un tronc épais.
La cime est très développée et les racines descendent profond dans la terre.
Maintenant, le tronc prend un visage, comme on lit parfois dans les contes de fées.
Je trouve que le visage montre une certaine curiosité, mais tout de suite après je vois que son expression devient attentive.
Et le visage du tronc continue à changer: il a l’air un peu fâché, puis il arbore un sourire radieux, après quoi il prend de nouveau un air fâché.
Les expressions du visage s'alternent donc tout le temps. De triste à contente, d'angoissée à résignée.
Quand je lève la tête pour mieux regarder la cime, je vois qu’il y a toutes sortes d'échelles blanches qui pendent là-haut.
Dans cette image, il y a une échelle qui sort du lot.
J’entends dire l’Enseignant: 'Voici l’échelle de carrière à laquelle la société attache une grande importance.'
Cette échelle n’est pas jolie, elle est écorchée et pleine de taches et semble être très mal entretenue.
Et au pied ce grand arbre, je vois plein de sacs à dos.
Dès la plus petite enfance, l’enfant est enseigné
de se comporter de façon à ce que, partout, il soit accepté.
L’enseignement secondaire, avec les meilleures intentions
va encore plus loin dans cette manipulation.
Hé oui, église et religion,
journaux, radio et télévision,
tous apportent leur pierre à la comédie
que joue notre société chérie.
Et cette philosophie de type désuet
dit:
'Sois heureux de ce que tu as et fier de ce que tu fais!'
C’est que le chemin du bonheur est entièrement pavé
de gloire, de statut et de sécurité.
Un bon emploi, une maison de charme et des vacances en Indonésie,
il reste quand même un manque, dans ce train-train finalement bien gris.
L’humain est fatigué, a froid et se sent vidé,
attrape un burn-out ou devient surmené.
Car même s’il essaie de cacher ses leçons,
encore et encore elles pointent dans sa direction.
Ça semble peut-être un scénario cata,
mais dans la vibration bleue ça fonctionne comme ça.
Parfois il faut d’abord atteindre le fond du puits,
avant que l’humain regarde son intérieur au lieu d’autrui
et en dépit de l’immixtion de la société,
part à la recherche de ce qui est pour lui, en vérité.
Un revirement, sans aucune logique,
comme le petit navire qui partait pour l’Amérique.
Il quittait son pays où il était en sécurité,
prenait le large, s’attaquait aux vagues déchaînées
pour suivre le chemin de ses rêves, tout simplement.
Qu’en pensez-vous : serait-il allé loin?
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